Semaines
de l’Amérique latine
et des Caraïbes 2024

Description

Par sa pratique de la photographie, l’artiste guatémaltèque Clara de Tezanos capture la lumière dans sa camera obscura, pour finalement lui rendre sa liberté.

L’appareil photo est une chambre trop exiguë pour l’insaisissable spectre lumineux, et Clara le laisse vivre en plein air dans ses sculptures murales radiantes. Il s’ouvre, se démonte, se découvre, s’expose et renait, qui ne sert à catalyser la lumière divine, sous la forme de cierges liturgiques abstraits, prêts à recevoir les vœux.

Cette lumière est œcuménique ; elle relie les diverses croyances précolombiennes du Guatemala, fussent-elles importées par le christianisme européen au 16ème siècle, ou plus ancestrales, celle des peuples autochtones dont les centres cérémoniels et d’observation céleste agissaient en qualité de réceptacles de la lumière astrale. Les pièces de Clara en sont le reflet contemporain, comme les artefacts d’une civilisation photographique qui écrivait avec la lumière, retrouvés dans un futur lointain où ces objets ne revêtent plus leur caractère usuel, mais une dimension poétique et mystique.

La lumière voyage à sa propre vitesse et semble, pour nous, plier le temps. Les peuples autochtones en prédisaient des calendriers clairvoyants des solstices et équinoxes, propices aux semis et aux récoltes, et des éclipses, présages apocalyptiques. La lumière porte donc en son sein la vie et sa fin, la fuite du temps lui étant immanente.
Ces nouveaux instruments composent une musique irradiante qui nous appelle à danser en cadence avec le rayonnement, à épouser son mouvement ; à faire la paix avec l’ancien, à vivre l’instant et à faire un vœu pour l’avenir.

— Aurélien Simon